Texte de Lydia Harambourg
La Gazette de l’Hôtel Drouot de Musées en Galeries
LI CHEVALIER
Encre expérimentale
Une notoriété internationale précède l’artiste franco-chinoise Li Chevalier (née en 1961 à Pékin). Arrivée en France en 1984 (elle a épousé un français) après un parcours singulier dans la troupe de l’opéra de l’armée chinoise puis des études d’économie, elle s’inscrit à la Sorbonne où elle suit un cycle en philosophie-politique. Son parcours artistique se poursuit à Florence, Londres où elle apprend et parfait les techniques de la peinture. Son inclination originelle l’oriente vers celle de l’encre de Chine et la fait rejoindre le courant de «l’encre expérimentale». Une réponse apportée au clivage Orient-Occident sans chercher ni opposition ni compromission. La sienne tient dans une alchimie personnelle du médium. Après avoir soigneusement préparé la toile recouverte d’une couche d’acrylique et de quartz, elle peint avec l’encre de Chine en jouant d’un hasard rectifié par une intuition mémorielle qui fait naître un paysage atemporel. Paysage cosmique, paysage crépusculaire balayé par une lumière qui sculpte des éléments minéraux et lacustres ouverts sur des immensités océanes ou célestes. Des formes imprévues émergent évoquant des personnages, une flore étrange née de lieux désertiques que souligne l’aspect granuleux de la surface. Ce caractère organique sied à une picturalité très spécifique. Li Chevalier interroge la réceptivité de l’encre sur des papiers de riz absorbant. Des premières couches d’encre mouillées, balayées par un pinceau maîtrisé et non moins libre dans sa conquête d’espace, naissent des lignes structurantes qui précisent le sujet. Rien n’est figé dans ce paysage proposé à la contemplation. Paysage habité par des riens, comme ces fragments de collages rehaussés de pigments pour un dialogue soutenu avec la lumière. L’homme est présent par la projection que chacun introduit dans ces peintures de grands formats où tout est suggéré et jamais affirmé. Cet illusionnisme repose sur un sentiment de nature murmurée. Il nous semble voir s’esquisser des éléments naturels familiers comme le ressac, des nuées, l’écume, la croûte terrestre, un lac entouré de montagnes. Le paysage s’est intériorisé. Là où l’artiste chinois transcrit la nature pour continuer sa méditation, Li Chevalier réactive ce mystère en prolongeant un mystère qu’elle traduit par la lumière. Une capture lumineuse et contrastée à partir de laquelle le blanc jaillit des ténèbres, rayonne sur un monde organique laissant entrevoir la vie.
Parution Gazette Hôtel Drouot n° 26 3 juillet 2015
Galerie Jean-François Cazeau 8 rue Sainte-Anastase 75003 Paris
01 48 04 06 92 www.galeriejfcazeau.com Jusqu’au 31 juillet
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